arizona & camden

Urgences !

Je n'étais pas forcément quelqu'un qui aimait lire, mais quelques fois, j'avais besoin d'un bon livre dans lequel me noyer. Lorsque l'on arrive dans une nouvelle ville, on ne connait personne, et les occupations sont souvent réduites à des petites choses solitaires. Comme un bon livre ! Je me dirigeais alors vers la bibliothèque. En plus, ça me fait prendre l'air. Devant, je reste scotchée par cette majestueuse batisse. La porte est immense et impose le respect. Mon sac en bandoulière à la main, je prends une profonde inspiration pour commencer à monter les quelques marches qui propulsent le monument vers le haut. Quand soudain... Un coup de feu retentit juste derrière moi. Je ne comprends pas. Je me sens impuissante face à la scène de cet homme qui, subitement, s'écroule sur le sol. La voiture responsable du coup de feu s'enfuit, laissant à terre une marée de sang. Mais WTF  ? On est ou la ? La ville vient à peine d'ouvrir ses portes qu'on assiste à ce genre de spectable ? Je comprends rien, mais j'ai pas le temps. Je suis infirmière. Il m'aura fallut une fraction de seconde pour atteindre le corps de l'homme.

« Calmez vous Monsieur, tout va bien se passer. Je m'apelle Arizona et je vais m'occuper de vous. » Sa plaie à la jambe saigne beaucoup. J'ai mes mains dessus qui la compriment mais je ne peux rien faire seule. J'ai besoin de quelqu'un. Alors de toute mes forces, je hurle : « J'ai besoin de quequ'un ! »

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j'sais pas c'que je fais là.

J’ai toujours détesté le sang. Je me souviens quand j’étais petit, mon chien nommé Gudule avait mordu le fils des voisins, parce qu’il avait la rage. Au début j’ai trouvé ça marrant parce que je détestais le fils des voisins, mais quand j’ai vu tout le sang, je suis tombé dans les pommes. Enfin il n’avait qu’une petite coupure, mais c’était amplement suffisant. Or là, en voyant l’homme se prendre une balle et cette femme crier à l’aide, je prends conscience que je vais devoir affronter ma peur secrète pour le sang pour porter secours à ce pauvre innocent qui n’a jamais demandé à se prendre cette balle. J’accours près d’elle et déchire (avec déchirement) un pan de la manche de ma chemise immaculée pour l’appuyer contre la plaie, espérant ainsi arrêter l’hémorragie. « ET MAINTENANT ON FAIT QUOI ? » je gueule, alors qu’elle est à dix centimètres de moi. Tous les psychologues de la Terre auraient déclaré que mon comportement anormal témoignait d’un mal être intérieur, un traumatisme lié à l’enfance à propos du sang et de toutes ces choses dégueus qu’on a dans le corps. « Je crois que c’est grave ! » j’explique, en regardant le sang qui continue de suinter de tous les côtés. Merci, parce qu’on n’avait pas encore remarqué. D’ailleurs l’odeur commence légèrement à m’écœurer, tout comme cette substance répugnante. « Je crois aussi que je commence à me sentir mal. » j’ajoute, à l’adresse de cette fille qui est visiblement infirmière, ou médecin. Il y a des jours, comme ça, où l’on ferait mieux de rester couché. J’aurais pu rester au lit avec ma femme, lui apporter un plateau avec un verre de jus d’orange et une fleur, et un café. Mais non, je suis du genre à partir bosser tôt et rentrer tard pour gagner un max de fric. Pourtant, demain, je reconsidèrerai à deux fois l’idée de prendre des congés.

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Urgences !

Alors que j'hurlais que j'avais besoin d'aide, un homme est accouru. Instantanément, le jeune homme eu les réflexes parfaits pour ce genre de situation : il déchira sa veste d'un coup sec et plaça le tissu au niveau de l’hémorragie. « ET MAINTENANT ON FAIT QUOI ? » Il semblait pourtant paniqué, complètement pas à sa place et je pouvais remarquer des sueurs froides au niveau de son front. Pourtant, j'admirais énormément son courage et cette façon qu'il avait de chercher à contrôler la situation malgré son malaise. « Continue de contenir la plaie avec ta main, je vais préparer un garrot et on appelle les pompiers. » Et puis, ce qui devait arriver arriva. La vue du sang semblait dégouté le jeune homme. Je jetais des coups d'oeil rapides vers lui et me suis rapidement rendu compte qu'il cherchait à éviter du regard le corp de l'homme, maculé d'un sang pourpre et intense. Il ne supportait pas ça. Il fallait donc, qu'en plus de m'occuper du bléssé, je raisonne l'inconnu qui m'était venu en aide. D'un coup, je lâche tout et je mets mes mains au niveau de ses épaules. « Regard moi. » Son regard me fuit, et continue de scruter le seul endroit du sol qui semble être propre. « Regarde moi ! Tu es en train de faire un truc extrêmement courageux et tu vas continuer de le faire jusqu'a ce que les pompiers s'en occupe. Je veux que tu me regardes moi, d'accord ? Suis mes gestes, mes mouvements. Imagine que le sang n'est que du superflu, du ketchup même. Concentres toi sur quelque chose. T'es un héro. » Sa pâleur m'inquiète cependant et je ne sais pas si mon petit numéro est susceptible de l'aider. Et pourtant il le faut, car sans lui, cet homme ne tiendrait pas longtemps vu l'amplitude de sa blessure. Quand à moi, je prépare le garrot afin de limiter la perte de sang. L'homme est inconscient mais on ne peut rien faire de plus. « Le garrot est en place. Essaie de retirer ta main. » Mais la, c'est le drame, alors que l'inconnu retire délicatement sa main de la plaie, un jet de sang est projeté à son visage...  

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j'sais pas c'que je fais là.

« Regarde-moi ! Tu es en train de faire un truc extrêmement courageux et tu vas continuer de le faire jusqu'à ce que les pompiers s'en occupent. Je veux que tu me regardes moi, d'accord ? Suis mes gestes, mes mouvements. Imagine que le sang n'est que du superflu, du ketchup même. Concentres toi sur quelque chose. T'es un héros. » Je prends une grande inspiration, puis une autre, puis encore une, et je serre la mâchoire. Je suis un héros. Je suis un héros. Face à du ketchup. Du ketchup. J’acquiesce et plante mes yeux dans les siens : « Ok j’ai compris c’est du ketchup, et le mec là joue dans un film. Tout va bien, tout va bien … » Même si je me suis quelque peu calmé, la panique se fait encore ressentir dans le ton de ma voix. Je suis pourtant soulagé quand elle me dit de retirer ma main. Ou tout du moins, j’aurais dû l’être : un jet de sang sort de la blessure et me gicle au visage. L’odeur me retourne franchement l’estomac et je l’essuie très calmement, du revers de la main. « Et maintenant ? je demande, j’ai le droit de m’évanouir ? » Même les fantômes qui sortent la nuit du cimetière sont moins pâles que moi en cet instant. « Rassure-moi, t’es vraiment infirmière hein ? Parce que je suis pas sûr que ça devrait gicler comme ça ! Le mec il est en train de se vider de son sang là ! » C’est ce moment qu’il choisit pour se mettre à gesticuler et crier : « Je vais mourir, je vois la lumière ! Qu’est-ce que je fais, j’y vais ? Ma mère m’attend peut-être au bout ! » J’appuie le pan de ma chemise plein de sang sur sa bouche pour qu’il se taise et soupire. « Les gens sont-ils tous aussi fous ici ? » Je peux parler, moi. Mais bon, les autres ne nous voient jamais comme l’on se voit, et je ferais mieux de m’inquiéter pour mon propre confort mental.

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Urgences !

Il a peur, il a vraiment peur. Limite ça en est mignon et je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un sourire lorsqu'il parle de s'évanouir. Je pense qu'il a réussi, grâce à cette frayeur, de rendre ce moment beaucoup moins perturbant qu'il n'y paraît. J'arrive même a garder mon calme face à la situation. Et pourtant...
Enorme "wtf" qui se profile, le patient se réveille et se met à parler ! Alors que le pauvre inconnu, quand à lui, s'est transformé en tomate vu le sang qui lui a giclé dessus. « Ha non non, moi je suis poissonnière en fait. » L'inconnu devient tout blanc, le visage complétement décomposé et moi, j'éclate de rire. « Nan je rigole, et oui, ce n'est pas le moment de plaisanter. Cette giclée la, c'est juste car la balle a perforé une artère, il faut simplement continuer de comprimer la plaie. Quand à la folie des gens par ici, j'en sais rien, comme toi je viens d'arriver, mais je dois avouer que comme entrèe en matière, c'est plutôt bizarre...» La sirène des pompiers se fait entendre, ouf. L'ambulancier commence à embarquer le patient et je monte avec lui. Je remarque que l'inconnu essaye de s'évader de cette situation infernale. « Hey le héros ! Tu montes avec moi, t'es tout blanc, je te filerais un truc à l'hosto. »

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